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Définition
La Violence Éducative Ordinaire (VEO) désigne l’ensemble des violences physiques, psychologiques et verbales infligées aux enfants dans un but prétendument éducatif. Ces actes, tels que les fessées, les cris ou les menaces, sont souvent perçus comme anodins, car profondément ancrés dans la culture éducative. Ils sont transmis de génération en génération, et fréquemment justifiés par l’idée qu’ils permettent à l’enfant d’apprendre à bien se comporter.
Pourtant, ces pratiques ignorent les besoins fondamentaux de l’enfant et compromettent son développement affectif, cognitif et relationnel. Les qualifier de « violences ordinaires » souligne à quel point elles sont banalisées et rarement remises en question.
Le terme se décompose ainsi :
- Violence : acte coercitif ou blessant, qu’il soit physique, verbal ou psychologique ;
- Éducative : exercée dans l’intention de transmettre des règles ou de corriger un comportement ;
- Ordinaire : courante, considérée comme normale dans de nombreux contextes familiaux ou institutionnels.

Les formes de VEO
La VEO comprend des comportements variés, que l’on peut regrouper en trois grandes catégories :
- Violences physiques : gifles, fessées, tapes sur les mains, tirages d’oreilles, secousses, privation de repas, etc.
- Violences psychologiques : punitions, isolement, menaces, culpabilisation, chantage affectif, retrait d’attention ou d’amour, etc.
- Violences verbales : cris, insultes, moqueries, humiliations, jugements dévalorisants, etc.
Ces actes visent tous à obtenir l’obéissance de l’enfant par la peur ou la contrainte, et non par la compréhension, la coopération ou l’accompagnement.
À noter que les VEO diffèrent des « douces violences », qui désignent des pratiques souvent involontaires mais intrusives, comme l’indifférence aux besoins, les rythmes imposés ou le non-respect du corps de l’enfant. Les douces violences relèvent davantage d’un manque de conscience ou de formation, tandis que les VEO sont intentionnelles, même si leur portée réelle est souvent sous-estimée.
Origines historiques et cadre légal
L’usage des violences dans l’éducation des enfants repose sur des croyances anciennes : punir, c’était éduquer. L’enfant était perçu comme un être à corriger, dans une société patriarcale valorisant l’obéissance et la domination de l’adulte. Pleurer ou exprimer une émotion était souvent interprété comme un caprice.
Au XXe siècle, certains courants médicaux ont renforcé cette idée en valorisant l’autonomie précoce et en recommandant une forme de distance affective. Ces représentations ont perduré, et aujourd’hui encore, on entend fréquemment : « J’ai été élevé comme ça, je m’en suis bien sorti ».
En 1989, l’ONU adopte la Convention internationale des droits de l’enfant, reconnaissant l’enfant comme un sujet de droits à part entière. La France la ratifie en 1990. Pourtant, il faut attendre 2019 pour qu’une loi inscrive explicitement dans le Code civil que l’autorité parentale s’exerce sans violences physiques ou psychologiques. C’est une avancée importante, même si l’application concrète de cette disposition reste encore inégale.
Conséquences des VEO
Sur les enfants
Contrairement à l’objectif visé, les violences éducatives n’améliorent pas le comportement de l’enfant. Elles peuvent au contraire générer anxiété, repli, agressivité ou troubles du comportement. À long terme, elles augmentent les risques de dépression, de faible estime de soi, de troubles somatiques et de reproduction de la violence, que ce soit en tant que victime ou auteur.
L’obéissance obtenue par la peur ou la contrainte n’est pas assimilée comme un apprentissage durable, mais comme une stratégie de survie face à une autorité menaçante.
Sur les parents
Les VEO affectent également les adultes. Elles installent souvent un climat conflictuel, nuisent à la qualité du lien entre parents et enfants, et favorisent les situations d’épuisement parental. De plus, elles entretiennent un cercle vicieux : face à un enfant en détresse ou en opposition, le parent peut réagir par une nouvelle violence, accentuant les difficultés.
Rompre ce cycle nécessite une prise de conscience et une volonté de transformer ses pratiques éducatives vers plus d’écoute et de respect mutuel.
Sur la société
La banalisation des VEO a des répercussions collectives. Elle contribue à normaliser la violence comme moyen de communication ou de contrôle. Cela peut se traduire par une augmentation des troubles du comportement chez les jeunes, une surcharge des services sociaux, et des coûts importants en matière de santé publique.
Dans les structures éducatives, le manque de moyens et de formation favorise l’apparition de ces violences. Sous-effectifs, pressions institutionnelles et absence de réflexion partagée rendent difficile l’instauration d’un climat éducatif apaisé et respectueux.
Les enjeux actuels
Parler des VEO reste difficile. Plusieurs obstacles freinent leur reconnaissance :
- Résistances culturelles : certaines pratiques sont encore socialement admises, voire valorisées.
- Discours ambivalents : la confusion entre autorité et autoritarisme est fréquente.
- Méconnaissance du sujet : de nombreux adultes n’identifient pas certaines pratiques comme violentes.
Pour faire évoluer les représentations, il est indispensable de mieux informer, d’outiller les familles et les professionnels, et de valoriser des alternatives éducatives respectueuses du développement de l’enfant.
Vers une éducation bienveillante
L’éducation bienveillante repose sur l’écoute, le respect des besoins de l’enfant et la construction d’un cadre sécurisant. Elle ne consiste pas à « laisser faire », mais à poser des limites de manière claire, cohérente et non punitive.
Quelques principes clés :
- Formuler des consignes positives plutôt que des interdits.
- Proposer des choix adaptés pour encourager l’autonomie.
- Donner du sens aux règles, en expliquant leur utilité.
- Accueillir les émotions sans les nier ni les punir.
- Cultiver la coopération plutôt que l’opposition.
Changer d’approche éducative demande du temps, de la formation et du soutien. Mais c’est un pas essentiel pour favoriser un développement harmonieux des enfants et construire une société plus juste et plus respectueuse.